9 févr. 2014

Quelques miles avant… Bathurst

11 avril 2013
Dans le train qui nous emmène sur la côte est, je m'installe près de la fenêtre et je me laisse gagner par des histoires qui peuvent enfin se délier après avoir été repliées sur elles pendant des mois d'ankylose en ville.

« À quoi tu penses? »

Le regard de Thomas barre soudainement la route de mon paysage intérieur. Les images se troublent.

« À rien. »

Je ne m'énerve pas. Je lui fais une place à côté de moi. Je lui dis regarde, et il suit du regard une ligne imaginaire qui part de mon doigt jusqu'à tomber sur un immense lac dont le bleu se mélangera bientôt à celui du ciel. C'est une image qu'on a vue mille fois, comme un couché de soleil ou un champ de tulipes, mais qu'on a hâte de revoir parce qu'un cliché aussi peut être beau, tant qu'on ne tente pas de le photographier ou de le réinventer. On ne dit plus rien. On attend que le ciel tombe dans le lac, ou que le lac se confonde au ciel. Nos deux regards essorent ensemble leurs vieux songes pour les faire tomber dans l’eau, et les regarder partir, loin, loin... disparus. Je dis à Thomas je t’aime pour cette seconde, surtout pas pour celle d’après, te méprends pas.

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