3 janv. 2015

Dans la rue... Des Carrières, Montréal

15 mars 2014

Ici, les hivers grugent l'envie et la tendresse. On superpose tant de vêtements que ça devient difficile de courir, de marcher, de se saluer. Les corps contraints sous les vêtements se meuvent sans amplitude, comme s'ils étaient pris dans la glace. Et bientôt, on n'est même plus capable de tendre le bras vers l'autre, sauf pour un geste brusque, une bousculade.

Quand on rentre chez soi, il faut s'ébrouer, se débarrasser des flocons de neige qui se sont infiltrés, la couche de givre formée là où la bouche et le nez ont lutté contre dehors, cogner les bottes l'une contre l'autre pour faire tomber la neige et tous ces petits cailloux auxquels on s'accroche pour ne pas glisser – mais dans quoi? -, monter la température des radiateurs, remplir la casserole de lait, le verser, fumant, dans un bol, ajouter deux cuillères de cacao, le boire à grosses lapées pour faire partir les marques sur la peau laissées par les épaisses pelisses et qui isolent encore de la vie des autres le corps raidi de froid.