31 janv. 2014

Dans la rue… des Pyrénées, Pau

8 décembre 2013
«Tandis que la prédisposition de l'homme est d'exercer une fonction intéressante qui le met en valeur et lui donne un poids social, celle de la femme est de rester à la maison pour élever les enfants, fruits de son aventure personnelle : l'amour.» Collection Harlequin
Lorsque la bouilloire siffle, elle attrape deux tasses sur l'égouttoir, les retourne, verse une cuillerée de Nescafé dans l'une, dépose un sachet de Lipton dans l'autre. Ce sont des gestes automatiques qui laissent sa tête libre d'être prise par toutes sortes de préoccupations. Des préoccupations qui ne sont pas de la projection, l'énumération des tâches à effectuer et des problèmes à résoudre. Ses préoccupations sont oniriques : elle réunit les bribes de souvenirs qui lui restent de ses rêves pour tenter d'en reconstruire l'histoire. Et tout en se perdant dans ses songes brumeux, elle verse l'eau bouillante dans les deux tasses, touille pour que le café ne fasse pas de grumeaux, fait tomber deux morceaux de sucre, touille à nouveau, dépose la tasse sur la table à côté d'un journal déplié sur les actualités internationales, baille, s'assied sur le comptoir de la cuisine. Quand il lève les yeux de son journal, il la voit qui regarde par la fenêtre.

18 janv. 2014

Dans la rue… William, Montréal

18 mai 2013


Il glisse la main dans la boîte aux lettres, rien. Une. Deux. Trois. Quatre. Cinq marches. Premier palier. Deux portes closes. Six. Sept. Huit. Neuf. Dix. Mathieu n'est sûrement pas rentré. Onze. Douze. Treize. Quatorze. Quinze. C’est la solitude qui doit l’attendre, les fesses bien calées dans le fauteuil à bascule du salon. Seize. Dix-sept. Dix-huit. Dix-neuf. Vingt. Un tour dans la serrure. Le grincement familier des gonds de la porte. Il traverse le couloir sans allumer les lumières. Il se rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, on était accueilli chez soi par le clignotement du voyant lumineux d'un répondeur. Il pousse la porte de sa chambre. Elle est sombre, silencieuse, immobile. « La solitude, c’est sans quoi on ne fait rien » a écrit Duras quelque part. Il se jette sur le lit, se blottit contre la solitude, mon amie la solitude, mon inspiratrice, et frissonne. Mon amie, tu es glaciale.