15 mai 2013

Dans la rue Brébeuf... Montréal

14 octobre 2012
Ils ne mettront pas sagement les pièces qu'on leur a données dans une petite chaussette en prévision des jours plus durs, ou du projet d'une vie. Ils feront comme nous, ils achèteront une lampe de chevet, un drap, une tarte aux framboises, poseront une nouvelle couche de peinture sur les murs, pour supporter la routine. L'argent n'y changera rien. Il n'y en aura jamais assez, jamais assez, jamais assez. Il n'y a pourtant pas grand chose à posséder mais assez pour passer une vie à attendre l'objet suivant. Ils ne se battront pas pour que ça change. Les conditions de la vie quotidienne continueront de s'améliorer de détail en détail sans rupture radicale. Mais à la fin, ils seront déçus.

Ils se nourriront d'une utopie qui ne sert qu'à maintenir les êtres en mouvement, et les aide à supporter le riz, les haricots, la peur. Ils évoqueront un pays chimérique qu'ils ne peuvent même pas imaginer en vrai, parce que d'ici, on n'arrive pas à sortir, même pas en imagination, malgré les images de la télévision qu'on colle sur nos frustrations.

Leur bonheur sera compromis. Il tient pourtant à peu de choses. Mais ils ne sauront plus le nommer. Ce qu'ils chercheront, ce n'est pas le bonheur, c'est l'assurance. Ils feront tout pour ne rien perdre. Rien et surtout pas les illusions qui permettent de supporter cette maison, ces joumées, ces discussions, ces amis. Il faudra que ça change. Ça ne changera pas.

Que restera-t-il à la fin? Les matins auront été semblables aux précédents. Le même vide, le même manque de quelque chose ou de quelqu'un qu'on voudrait toucher, et prendre dans ses bras, et aimer, et qui est là mais ne suffit pas. Il y aura eu le plaisir de l'eau chaude sur la peau, d'une serviette épaisse et parfumée, de manger sans limites, d'hésiter devant une armoire gorgée de vêtements presque neufs. Mais que restera-t-il au fond?

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