18 mars 2011

Dans la rue... Garnier, Montréal

 9 mars 2011
Appeler le plombier. Racheter du lait. Jeter un coup d’œil au travail d’Antoine. Ramener les vidéos que nous n’avons jamais le temps de regarder. Passer à la pharmacie. Consulter les messages sur le répondeur.

Assise dans le noir, elle dresse un portrait mental des journées qui défilent, toutes différentes dans leur détail. Toutes identiques pourtant, la somme de menus gestes qui ne créent rien, ne laissent pas de trace.

La régularité du souffle qui sort du canapé lui confirme qu’il s’est assoupi. Elle est inquiète. Elle s’est toujours sentie menacée par les bruits nocturnes des maisons, l’eau gargouillant dans les tuyaux des radiateurs, la ponctuation nerveuse du tic tac de l’horloge, le ronronnement de l’ordinateur, les souris dans les murs, les fissures au plafond.

Les photos dans les cadres.

Elle crache une nouvelle gerbe de fumée. Toux de l’autre. Elle secoue l’air de la main, comme une ado coupable. La souris interrompt sa plainte dans la penderie. Le silence est presque total pendant quelques secondes et vlouf, l’eau dans le radiateur qui refait sa tournée. Elle est persuadée qu’il lui manque quelque chose de gros, un truc qu’aurait un lien direct avec sa vie. Qu’il faut qu’elle s’en occupe maintenant, avant qu’il soit trop tard. Mais qu’est-ce que tout cela peut bien vouloir dire?

Faire de la soupe. Laver le plancher. Rempoter le lierre. Réparer la poignée de la porte d’entrée. Cirer les meubles. Acheter la carte mensuelle de métro. Changer l’ampoule de la salle à manger

2 commentaires: