14 mai 2012 |
Elle est derrière la vitre, vêtue de mes habits. Le chapeau qu'on m’a offert pour Noël et que je ne mets jamais, mais chéris aussi fort que les autres, est là aussi. Ce que cette mascarade signifie? Il y a des scènes d’une vie qui pourrait bien être la mienne, je ne sais pas trop, je ne me regarde pas vivre, en tout cas pas toujours.
Pendant la dernière heure, elle n'a cessé de faire des allers-retours dans la pièce pendant que l'autre me surveillait caché derrière le rideau opaque de la porte d'entrée. Elle prend un livre, le dépose, s'assoit sur une chaise pivotante, tourne, tourne, tourne, se lève et titube, embrasse un homme-souris, danse bras dessus-bras dessous avec la femme au chapeau. Et malgré le contre-jour, j'imagine l'arrogance de son petit sourire narquois que j'aime tant.
Mais je m'en fous, des fenêtres, il y en a tant. Il me suffit de continuer mon chemin, m'arrêter devant la façade du triplex de droite, me hisser sur la pointe des pieds pour saisir à la dérobée, à travers la fenêtre du rez-de-chaussée laissée allumée, une de ces scènes qui ne me parle pas de moi, mais expose la vie des autres, dont on rêve et qui toujours se dérobe, comme si elle n’était pas vraie, qu’une projection discontinue d’un film muet monté de toutes pièces.
J'aime vraiment vraiment ce que vous faites.
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